Le Commerce du Bois

La Chine rejette les règles du RDUE : une impasse pourrait plonger l'UE dans une crise de ses approvisionnements

Actualité 17.07.2024

La Chine est un acteur majeur du commerce mondial et l'un des principaux fournisseurs de l'UE pour les meubles, panneaux de contreplaqués, cartons, etc. Il est également le dernier pays à s'opposer à la réglementation RDUE (Réglementation Déforestation de l'Union Européenne), refusant de partager des données géolocalisées en raison de "préoccupations de sécurité". Selon GD Holz, l'association allemande du commerce du bois, les deux plus grands marchés forestiers mondiaux (La Chine et les Etats-Unis) restent dans une impasse concernant ces règles.

Contexte et réactions internationales

Cette situation survient quelques jours seulement après que l'administration Biden ait intensifié la pression sur l'UE pour retarder la mise en œuvre de ces "normes impossibles", après que 27 sénateurs aient averti que les nouvelles règles s'apparentaient à une "barrière commerciale non tarifaire" et pourraient mettre fin au commerce forestier de 3,5 milliards de dollars entre l'Europe et l'Amérique.

"L'UE a clairement exprimé sa position lors des discussions avec le gouvernement chinois et les fournisseurs," a déclaré GD Holz, ajoutant qu'"il est indéniable que les importations sans coordonnées géographiques ne seront pas possibles et qu'il n'y aura aucune exception pour des pays comme la Chine."

Aucune déclaration n'a été faite concernant les tentatives de résoudre ce problème, soulignant la détermination de l'UE à maintenir ses politiques.

 

Impact potentiel d'un retrait chinois

Un retrait de la Chine des règles du RDUE, prévues pour entrer en vigueur en décembre, pourrait avoir des conséquences énormes sur les chaînes d'approvisionnement mondiales de produits en bois, papier et pâte à papier. Par l'initiative Belt and Road, la Chine contrôle plus de 30 % de la chaîne d'approvisionnement mondiale des produits forestiers, consolidant son rôle crucial dans l'industrie.

 

Sous le projet Belt and Road de la Chine, plus de 30 % de la chaîne d'approvisionnement mondiale des produits forestiers seront directement impactés par l'industrie chinoise, couvrant la plantation, la production, la fabrication et la distribution des produits à l'échelle mondiale. (Crédit photo : Brookings Institute)

 

Préoccupations mondiales et critiques

Les préoccupations de la Chine interviennent après que vingt (sur 27) ministres européens de l'Agriculture aient appelé à retarder les règles en raison de préoccupations concernant les chaînes d'approvisionnement mondiales, faisant écho aux avertissements de responsables gouvernementaux en Australie, Nouvelle-Zélande, Brésil, Indonésie et Malaisie.

 

Problème avec la Règlementation RDUE

En effet, le RDUE est l'une des rares questions à avoir unifié les États-Unis et la Chine, les deux plus grands producteurs de produits forestiers, qui restent profondément en désaccord sur la gouvernance des peuples et des économies.

Dans une lettre cosignée par des républicains soutenant Trump, des démocrates soutenant Biden et des indépendants du sud des États-Unis, les États-Unis (comme la Chine) ont signalé des préoccupations concernant la cartographie géolocalisée : "Le RDUE impose une exigence de traçabilité géolocale qui oblige à tracer chaque expédition de produits en bois jusqu'à la parcelle de terrain individuelle," ont averti les sénateurs dans une lettre à Mme Tai.

Selon la loi chinoise, les informations géographiques sont restreintes aux entités disposant d'une autorisation spéciale du département administratif pour l'arpentage et la cartographie sous le Conseil d'État – et compte tenu du climat géopolitique actuel, il semble impensable que la Chine fournisse ces données aux autorités du RDUE.

 

Fonctionnement du RDUE

La réglementation assignera aux régions des niveaux de risque faibles, standards ou élevés associés à la déforestation et à la dégradation des forêts. Cette classification guidera les obligations des opérateurs et des autorités des États membres pour effectuer des inspections et des contrôles. Cela permettra de rationaliser la surveillance pour les régions à haut risque et de simplifier les processus de diligence raisonnable pour les régions à faible risque.

Les autorités responsables devront inspecter 9 % des opérateurs et commerçants traitant des produits provenant de régions à haut risque, 3 % des régions à risque standard et 1 % des régions à faible risque. Cette inspection vise à confirmer le respect des obligations stipulées par la réglementation.

Enfin, l'UE prévoit d'intensifier sa coopération avec les pays partenaires, en se concentrant principalement sur les régions à haut risque.

L'impasse entre la Chine et l'Union européenne concernant le RDUE pourrait avoir des répercussions profondes sur le commerce mondial des produits forestiers. La détermination de l'UE à appliquer ces règles malgré l'opposition internationale souligne la complexité des défis environnementaux et commerciaux dans un monde de plus en plus interconnecté.