Depuis le début de l’année les cours des bois n’ont cessé d’augmenter aux Etats-Unis. En Aout 2020, l’indice du prix du bois s’est élevé en moyenne à 700 $ pour du bois d’œuvre résineux, soit une progression de 120% depuis Janvier.
De fortes disparités dans les variations de prix
Alors que certains prix ont fait un bond à trois chiffres (818 $ pour du Pin du Sud, soit une augmentation de 172,5 % par rapport à l’année dernière), des prix de basse qualité ont augmenté plus modestement.
Récemment, certains acheteurs industriels ont renoncé à relever leurs prix pour la catégorie inférieure, malgré la montée en flèche des prix pour les qualités supérieures. Cela s’explique dans certains cas, par une difficulté à répercuter les augmentations sur les clients en raison des engagements sur les prix. Autre facteur explicatif, l’augmentation de la construction résidentielle a absorbé en grande partie les qualités supérieures ce qui a eu pour cause d’augmenter les prix alors que la baisse des expéditions offshore a freiné la demande de bois de qualité inférieure. En effet, même si la production industrielle a augmenté en juin et Juillet, selon la Réserve fédérale, l’indice de juillet était de 8,4% inférieur à son niveau pré-pandémique en février. En parallèle, les exportations vers la Chine et notamment en provenance du Canada se sont taries, laissant plus de réserves disponibles dans les pays d’Amérique du Nord.
Retour du marché intérieur nord-américain
Le marché des importations de bois d'œuvre s'est encore contracté au premier semestre. La pandémie de COVID-19 a eu de forts impacts sur la demande globale chinoise, en particulier dans les premiers trimestre. Pendant ce temps, un cours historique a été enregistré aux États-Unis. Les producteurs Nord-Américain se sont donc concentrés sur les ventes intérieures. Les importations chinoises de bois d'œuvre résineux ont glissé à 12,7 millions de mètres cubes de janvier à juin 2020, en baisse 10 % par rapport à la même période 2019, selon le Trade Data Monitor.
Au premier semestre, les expéditions en provenance d'Europe ont grimpé à 2,57 millions de mètres cubes, soit une hausse de 32 % par rapport à 2019. Les producteurs d'Europe centrale, l’Allemagne et l’Autriche, ont accéléré leurs exportations vers les Etats-Unis. Néanmoins, cette augmentation est à relativiser, le Canada reste de loin le premier fournisseur des Etats-Unis.
D’un autre côté, avec la baisse de la production canadienne et sa forte orientation vers les Etats-Unis, la Chine a augmenté ses importations en provenance de Russie, absorbant ainsi les bois de basse qualité. Au premier semestre 2020, la part d’export vers la Chine en provenance d’Amérique du Nord a baissé à 14% contre 18% l’année dernière. Les mesures étasuniennes « anti-dumping » contre les produits de menuiseries en provenance de Chine ont elles aussi contribué à un retour du marché intérieur nord-américain.
Hausse de la demande domestique dans le secteur de la construction
En dépit de la crise sanitaire COVID 19, la demande intérieure a augmenté alors que la production a ralenti. En effet, les entreprises ont ralenti la production en réponse à l’incertitude économique. Cependant, les marchés de bois d’œuvre et des panneaux de construction ont pris de l’ampleur dans le secteur de la construction neuve. Les prix du bois d’œuvre ont donc continué à augmenter au troisième trimestre, reflétant une forte demande, une offre disponible limitée et des difficultés de transport.
Les constructions de maisons individuelles sont passées à 940 000 unités en juillet contre 700 000 unités en février. Le marché est désormais influencé par des faibles taux d’intérêt, l’importance des logements individuels, l’augmentation de la demande de terrasse et le déplacement des logements vers la banlieue. Ces changements ont considérablement augmenté la part du bois. En effet, aux USA la construction de maisons individuelles se fait à 90 % à base de bois contre environ 10 % en France et en moyenne 30 % en Europe.
En conclusion, la demande croissante pour le bois d’œuvre - portant sur le pin du Sud, les pin et sapin de l’Ouest - a entrainé une hausse des prix, forçant certains entrepreneurs à retarder les travaux. Cependant, malgré un manque de disponibilité, les approvisionnements en épicéa européen ont permis de faire diminuer légèrement la tension au niveau des approvisionnements. Bloomberg Paul Quinn, analyste chez RBC Capital Market, mesure cette analyse d’hausse des prix en précisant qu’« il n'y a aucun doute sur le fait que les prix ne sont pas durables à ce niveau ». En attendant une normalisation du marché, les prix resteront soutenus prévient l'expert, les stocks sont faibles et les producteurs n'ont plus rien à vendre au moins jusqu'à fin septembre. Bien que le bois soit l'une des matières premières les plus utilisées et produite dans le monde, ses cours oscillent souvent en raison d'une faible liquidité.
Pour en savoir plus : contacter Alessandra NÉGRI, Responsable marchés et prospectives au LCB :
a.negri@lecommercedubois.fr
Télécharger ci-dessous l'article avec graphiques