Actualité 28.05.2021
Dans de précédentes analyses, France Bois Forêt avait dressé un état des lieux de l’amont de la filière forêt-bois et relevé les besoins de renouvellement de la forêt française.
Ces constats et chiffrages des besoins trouvaient leur origine dans les chiffres de l’inventaire forestier national de l’IGN de 2018. Dans une note adressée à l’ensemble de ses membres, France Bois Forêt a fait part de ses nouvelles propositions pour soutenir le renouvellement forestier.
De la nécessité du renouvellement forestier et autres constats de départ
Le renouvellement forestier n’est plus assuré, comme en témoigne la baisse significative du stock de jeunes arbres en forêt de 40 % pendant les 35 dernières années. La situation concernant le bois d’œuvre est particulièrement critique. La production baissera en 2035 en raison du déficit de renouvellement engagé depuis la fin des années 1990. De plus, 17% de la forêt française (2.8 millions d’ha) produisent avec 4 essences 73% de la récolte de bois d’œuvre, et moins de la moitié de la surface française produit avec 10 essences 97% de la récolte de bois d’œuvre.
Les conséquences du changement climatique sur l’état de nos forêts sont devenues flagrantes à partir de 2018. Les effets de la sécheresse et des températures caniculaires s’ajoutent aux phénomènes déjà bien connus de la graphiose de l’orme, de l’encre du châtaignier, de la chalarose du frêne (etc.). Ils se cumulent désormais également avec les phénomènes plus récents que sont le scolyte de l’épicéa, le dépérissement partiel du chêne pédonculé, du hêtre(voire du sapin) et les attaques de la chenille processionnaire contre le pin.
La SNBC (stratégie nationale bas carbone), la loi ELAN, la RE2020, la loi Climat-Résilience illustrent la prise de conscience de l’impérieuse nécessité d’adapter nos politiques de développement pour répondre à l’objectif de décarboner l’ensemble de nos activités. Le même mouvement se déploie dans tous les pays développés et plus particulièrement en Europe.
L’objectif collectif auquel nous devons donc tous nous consacrer est celui du renforcement et de la sécurisation du puits carbone du secteur forêt et bois.
Les récents rapports de la Cour des Comptes (mai 2020) et de la députée Anne-Laure Cattelot (septembre 2020) font un constat clair : la politique française de soutien au renouvellement forestier doit évoluer. Ces rapports ouvrent aussi des pistes pour soutenir financièrement cette politique. Une première étape, capitale, a été franchie grâce au Plan de Relance français de septembre 2020 qui a attribué au renouvellement forestier une enveloppe de 150 millions d’euros sur deux ans (2021 et 2022), enveloppe essentiellement destinée à la reconstitution des forêts touchées par la crise sanitaire. Cet effort doit être poursuivi au-delà de cette période.
Ce projet vise à mettre en place une initiative pour replanter ou régénérer chaque année 100000 ha de forêt au minimum. Pour commencer, l’objectif est de planter 1 milliard d’arbres en 5 ans. Ce projet propose la création d’un fonds d’investissement dans le renouvellement forestier, abondé par le produit des enchères des quotas carbone européen à hauteur de 200 millions d’euros minimum par an. Nous considérons que seul un fonds d’investissement doté de 200 millions par an, pour les 10 à 30 ans à venir, peut aujourd’hui permettre de respecter ces objectifs de replantation. Les fonds carbone européens créent en effet de nombreuses possibilités nouvelles. La légitimité de la filière à bénéficier d’investissements liés au carbone est évidente. Plusieurs hypothèses sont en cours d’expertise, mais la plus simple à mettre en œuvre concerne les recettes de quotas carbone européens (QCE).
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Crédit photo : Anthony via canva.com