Actualité 18.06.2021
L’AFD a publié il y a quelques mois un rapport analysant le rôle des concessions forestières dans la conservation de la biodiversité et le développement local.
Plus de la moitié des forêts denses humides du bassin du Congo sont aujourd’hui dédiées à la production industrielle de bois et sont attribuées à des concessions forestières. Depuis les années 1990/2000, les concessions des pays du bassin du Congo ont l’obligation légale de mettre en œuvre un plan d’aménagement forestier (PAF) ; mais en 2010, seulement environ la moitié des concessions en activité avaient mis en place un PAF. Au même moment, environ 1/3 des forêts aménagées étaient certifiées FSC.
Alors que l’efficacité de l’aménagement des forêts et de la certification pour contrer la déforestation et préserver les écosystèmes forestiers fait débat, l’AFD et le FFEM ont mené une étude pour identifier et mesurer les effets des PAF sur la déforestation entre 1990 et 2010. La déforestation dans les concessions aménagées a ainsi été comparée à la déforestation dans des concessions de caractéristiques similaires mais non aménagées.
L’étude a permis d’observer que les trois quarts des pertes forestières se situaient en dehors des unités de gestion forestière, avec un taux de déforestation particulièrement faible dans les parcs nationaux et les concessions forestières (inférieur à 0 ,6 % en 10 ans). Globalement, la déforestation est majoritairement observée à petite échelle avec pour cause principale directe l’agriculture sur brûlis, ainsi que la collecte de bois de feu, la carbonisation artisanale et l’exploitation artisanale de bois d’œuvre.
Les résultats ont montré que la déforestation est statistiquement plus faible dans les concessions aménagées depuis 5 ans au minimum, lorsqu’on les compare à des concessions similaires non aménagées. En revanche, aucun impact statistiquement significatif des PAF n’a été observé sur le court terme. Ce résultat doit attirer l’attention sur le fait que le PAF s’inscrit dans une perspective de moyen à long terme, nécessitant plusieurs années pour produire un effet sur la déforestation. Les interventions visant à encourager la mise en œuvre de PAF et de certification forestière devraient être ainsi évaluées sur des intervalles temporels longs.
Alors que ces travaux portent sur la période 1990-2010, période durant laquelle peu de concessions étaient aménagées dans le bassin du Congo, il serait intéressant de prolonger les analyses du rapport et d’étudier si l’on observe une réduction de la déforestation dans les concessions ayant validé leur PAF plus tardivement. Il serait aussi opportun d’étudier s’il y a une réduction supplémentaire de la déforestation lorsque l’aménagement est évalué sur des périodes plus longues.
En outre, l’aménagement des forêts et la certification forestière apportent d'autres bienfaits comme la préservation de la biodiversité et l’amélioration des conditions de vie des populations locales. Les travaux futurs devraient donc documenter les autres impacts potentiels des PAF et de la certification dans le bassin du Congo et observer si la réduction de la déforestation s’accompagne ou non d’amélioration pour les autres dimensions de développement et de conservation.
Pour consulter la synthèse de l’étude et télécharger le rapport complet cliquez ici.
crédit photo : AGEOS, janvier 2019 - Rapides Ivindou Makokou, Nord-Ouest du Gabon