Ce dossier a été préparé dans le cadre de l’Observatoire économique de France Bois Forêt
Les 17 et 18 octobre 2019, la 67e édition de la Conférence internationale sur les résineux (ISC)s’est tenue à Anvers. 180 participants du monde entier ont assisté à la conférence organisée par la Fédération belge des industries du textile, du bois et de l’ameublement (FEDUSTRIA) et, comme d’habitude, par l’Organisation européenne des industries de scierie (EOS) et la Fédération européenne du commerce du bois (ETTF). Une brochette véritablement internationale de conférenciers a donné un aperçu de l’état du marché mondial et leur point de vue sur les enjeux auxquels font face le commerce et l’industrie du bois d’oeuvre résineux et ses perspectives.
Le message de cette 67e Conférence internationale sur les bois résineux a été que le secteur mondial du bois d’oeuvre résineux fait face à des défis majeurs dans un climat économique incertain. En même temps, les présentateurs et les délégués du monde entier ont convenu qu’il y avait des perspectives positives. C’est particulièrement le cas dans la construction, où le bois est de plus en plus considéré comme le matériau de construction durable à faible émission de carbone, à une époque de plus en plus axée sur la lutte contre le changement climatique et les impacts environnementaux plus larges des activités humaines.
Le Commerce du Bois vous en propose un résumé avec les points clés des différentes interventions de la Conférence.
En toile de fond des conditions du marché du bois résineux, Hans Bevers de la Banque Degroof Petercam a présenté les dernières données macroéconomiques mondiales. En partie à cause des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, mais aussi entre les États-Unis et l’Union Européenne, a-t-il dit, la reprise économique internationale de 2016-2018 a cédé la place à une baisse de confiance des marchés. Sans aller jusqu’à parler de récession, l’intervention
de Hans Bevers s’est conclue par une série d’indicateurs à la baisse depuis le début 2019.
Des orateurs de l’Union Européenne et d’Amérique du Nord, Andreas von Möller, président de l’ETTF, Sampsa Auvinen, président d’EOS, David Calabrigo de Canfor et Marc Brinkmeyer de Idaho Forest Group, ont parlé de la conjoncture sur leurs marchés respectifs. Tous ont convenu que le niveau élevé des stocks et le maintien d’une forte production étaient des problèmes qui avaient entraîné une dépression des prix - les prix suédois et finlandais, par exemple, ont baissés de 15 à 20 % entre 2018 et 2019.
M. Auvinen a également souligné la gravité de l’épidémie du scolyte en Europe centrale qui, combinée aux dégâts importants causés par les tempêtes entre 2017 et 2018, a entraîné l’arrivée de 120 millions de
m3 supplémentaires de bois.
Les orateurs européens et nord-américains ont déclaré qu’il y avait un consensus croissant sur le fait que le changement climatique était à l’origine de l’augmentation de ces épidémies et des phénomènes météorologiques extrêmes. Par conséquent, la santé de nos forêts, à la base de la production de bois d’oeuvre, devait être une priorité pour nos industries. Toutefois, ils ont également convenu que, compte tenu de la résilience et de l’ingéniosité du secteur et de la « révolution » dans la construction en bois d’oeuvre et principalement en résineux, les perspectives à long terme étaient bonnes. Les bâtiments en bois d’ingénierie sont par exemple construits dans le monde entier selon des spécifications techniques de plus en plus avancées et à une échelle de plus en plus grande. La « Tour de la Terre » de 35 étages à Vancouver et un immeuble d’appartements haut de 18 étages à Amsterdam comptent parmi les dernières réalisations mises en avant lors de cette conférence.
Les perspectives de développement de la filière forêt-bois en Russie furent également au coeur des échanges,
dans un contexte de soutien gouvernemental.
Dans la région MENA (Afrique du Nord et Moyen- Orient), la stabilité politique reste une préoccupation majeure, mais une population de 360 millions de personnes, dont la moitié a moins de 24 ans, signifie forcément un énorme besoin en logements neufs et un potentiel important pour le secteur international de l’approvisionnement en bois d’oeuvre. Richy Zhang, de Zhejiang Materials Industry Senhua Group (Chine), a déclaré que le différend commercial entre la Chine et les États-Unis ne rendait pas la vie facile au secteur chinois du bois d’oeuvre. Mais elle a insisté sur le fait que l’augmentation de la consommation intérieure et le développement économique des provinces de l’Ouest de la Chine feraient croître
le marché.
Les délégués ont entendu les points de vue fascinants des chercheurs sur les moyens d’accroître la résilience
des forêts au changement climatique, y compris les méthodes avancées de sélection des arbres, la migration assistée des espèces et le mélange accru des espèces.
Les architectes ont également souligné leur ambition de construire davantage en résineux. Ils ont été attirés par ses avantages inhérents en matière de carbone, mais aussi parce qu’ils comprenaient de mieux en mieux la capacité du bois d’ingénierie résineux, en particulier, à fournir rapidement des structures compétitives sur le plan commercial, flexibles et bénéfiques sur le plan environnemental.
De tels bâtiments, a conclu M. von Möller, offrent une « publicité gratuite » extrêmement efficace pour
le potentiel actuel et les possibilités futures du bois résineux.
La prochaine conférence internationale des résineux se tiendra à Helsinki du 7 au 9 octobre 2020.
Vous retrouverez en téléchargement ci-après une analyse du marché européen côté importateurs suivie d’une analyse côté producteurs avec un zoom sur les exportations vers l’Asie, les Etats-Unis ou encore l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Enfin, vous retrouverez une synthèse du marché français.