Les mises en chantier au Japon ont chuté de 9 % en décembre 2020 par rapport à l'année précédente et ont diminué de 7 % par rapport au mois précédent. C'est pire que la moyenne des prévisions de Tokyo qui était une baisse de 3,8 %. Au total, 814 800 maisons ont été mises en chantier au Japon en 2020 (-10,0 %). Les mises en chantier de logements de type structure en bois ont diminué au cours du mois pour atteindre environ 40 200 (-6,1 %). A l’inverse, aux Etats-Unis on a pu observer une hausse de 7% des mises en chantier de logements soit 1,380 million en 2020. Cette hausse a considérablement fait augmenter la part du bois aux Etats-Unis. En effet, aux Etats-Unis la construction de logement se fait à 90 % à base de bois, contre 50% au Japon et 10% en France.
Si l’impact des mesures de contrôle du coronavirus est en partie responsable de cette baisse au Japon, le cœur du problème pour les entreprises de construction japonaises est le vieillissement de la population et la baisse du taux de natalité.
La demande des consommateurs japonais prend un coup
L'économie japonaise est de plus en plus confrontée à des défis après un deuxième état d'urgence décrété jusqu’au 7 février. La demande des consommateurs a été touchée et certains signes indiquent que les prix sont en baisse. Le risque est que cela marque le retour de la déflation, un cauchemar pour le gouvernement et la Banque du Japon après des années d'efforts pour relancer l'économie. Les négociations salariales annuelles entre la direction et les syndicats vont bientôt commencer et les premières nouvelles sont sans surprise : les entreprises sont réticentes à augmenter les salaires après une année 2020 difficile.
Sans une augmentation des revenus des ménages, les perspectives de relance de la consommation s'amenuiseraient. Après une brève reprise, les ventes au détail ont de nouveau chuté, la troisième vague d'infections ayant conduit le gouvernement à décréter l'état d'urgence dans les préfectures les plus touchées. La tendance à la baisse de l'indice de confiance des consommateurs de janvier indique une nouvelle faiblesse des dépenses de consommation, un facteur clé du rebondissement précédent.
Importation de meubles en augmentation : « un effet rattrapage »
La hausse des importations de meubles en bois, en particulier de meubles de chambre à coucher, au deuxième et troisième trimestre de 2020 a été surprenante compte tenu de la tendance à la baisse de la confiance des consommateurs et surtout de leur volonté d'acheter des biens durables (voir le graphique de la confiance des consommateurs dans le fichier PDF). Si la confiance des consommateurs a regagné du terrain au cours du second semestre de 2020, il ne s'agissait que d'un "rattrapage" par rapport à un déclin antérieur. Il est clair que les importateurs japonais étaient convaincus d'une demande soutenue et croissante malgré la faible confiance des consommateurs, ce qui a permis d'augmenter régulièrement les importations de meubles en bois.
Contreplaqué : des retards d’approvisionnement et des prix à la hausse
La demande de contreplaqué de bois résineux domestique reste active en janvier. Normalement, janvier est un mois calme, mais cette année, c'est différent. Les retards de livraison se poursuivent dans l'ouest du Japon avec jusqu'à 'un mois d'attente. En raison de commandes importantes, les fabricants de l'Est du Japon pas de volume supplémentaire. L'augmentation de la production est difficile en raison des chutes de neige anormalement abondantes dans le nord du Japon, entrainant une confusion dans les transports et une pénurie de grumes. Par conséquent, la pénurie d'approvisionnement se poursuivra jusqu'à la fin du mois de février 2021. Les fabricants ont poussé les prix à la hausse. Les prix visés sont de 930 yens par feuille sur 12 mm 3x6. Les prix à l'exportation du contreplaqué malaisien et indonésien sont fermes. Le plus grand fournisseur de Malaisie, Shing Yang, a augmenté les prix à l'exportation à deux reprises, une fois en décembre et une autre fois en janvier. On s'attendait à ce que le volume de contreplaqué importé augmente en janvier, mais les usines de fabrication souffrent d'une pénurie de grumes et de conteneurs, de sorte que l'offre n'a pas augmenté. Les importateurs ne sont pas en mesure de passer de grosses commandes à des prix élevés lorsque la demande au Japon stagne, impactant les stocks portuaires qui restent serrés pendant le premier trimestre.
Les prix du bois d'œuvre n'ont cessé d'augmenter
Les prix moyens des poteaux de 3 mètres en cèdre (séchage artificiel) sont de 52 000 à 53 000 yens et les prix moyens des poteaux de 4 mètres en cyprès (séchage artificiel) sont de 62 000 à 64 000 yens. Il y a un sentiment de malaise quant à la demande réelle, mais entre-temps, il y a une demande croissante pour utiliser le bois domestique pour remplacer le bois de Douglas d'Amérique du Nord, dont l'offre est limitée, de sorte que la part domestique devrait augmenter.
En conclusion, si 2020 reste une année mitigée pour la construction bois au Japon compte tenu de la baisse de mise en chantier, l’importation de meubles semble résister malgré la baisse de confiance des consommateurs et la consommation de contreplaqué de bois résineux domestique est même restée active. Néanmoins, la situation météorologique a freiné la production, entrainée des problématiques de transport et une pénurie de grume, ce qui a eu pour conséquence une tension sur les approvisionnements et une poussée des prix par les fabricants.