Actualité 16.06.2022
Selon les prévisions de l'UE publiées le 16 mai, les perspectives pour l'économie de l'UE avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février étaient celles d'une croissance prolongée et robuste. Mais la guerre en Ukraine a posé de nouveaux défis au moment même où l'UE s'était remise des impacts économiques de la pandémie.
Pour rappel, Les sanctions économiques de l'UE visent directement les échanges avec la Russie dans un large éventail de secteurs économiques. Le secteur du bois est spécifiquement identifié comme faisant l'objet d'une sanction de l'UE, de sorte que toutes les importations de produits du bois de la Russie vers l'UE sont désormais interdites conformément à la législation européenne. Le conseil de l’UE a en effet conclu que l'importation de bois (code douanier 44) en provenance du Belarus est interdite pour les contrats conclus après le 2 mars 2022, et celle en provenance de la Russie est interdite pour les contrats conclu après le 8 mars, cette interdictions ne s’applique pas à l’exécution des contrats conclus avant le 09 avril et exécutés jusqu’au 10 juillet.
En exerçant de nouvelles pressions à la hausse sur les prix des produits de base, en provoquant de nouvelles ruptures d'approvisionnement et en augmentant l'incertitude, la guerre exacerbe les vents contraires préexistants à la croissance, qui devaient auparavant s'atténuer. Cela a conduit la Commission européenne (CE) à revoir à la baisse les perspectives de croissance de l'UE et à revoir à la hausse les prévisions d'inflation.
La Commission européenne prévoit désormais que la croissance du PIB réel de l'UE et de la zone euro sera de 2,7 % en 2022 et de 2,3 % en 2023, contre 4 % et 2,8 % respectivement dans les prévisions intermédiaires de l'hiver 2022. La poursuite de la croissance est due à l'effet combiné de la réouverture des industries de services après l'arrêt de la production et des mesures politiques énergiques prises pour soutenir la croissance pendant la pandémie.
Un marché du travail solide et toujours en amélioration, une moindre accumulation de l'épargne et des mesures fiscales pour compenser la hausse des prix de l'énergie devraient soutenir la consommation privée. L'investissement devrait bénéficier du déploiement complet de la facilité de relance et de résilience de l'UE et de la mise en œuvre du programme de réformes qui l'accompagne.
Le principal impact de la guerre en Ukraine sur l'économie mondiale et celle de l'UE se fait sentir sur les prix des produits énergétiques.
Les perturbations de la logistique et des chaînes d'approvisionnement dues à la guerre, ainsi que la hausse du coût des intrants pour un large éventail de matières premières, s'ajoutent aux perturbations du commerce mondial causées par les mesures drastiques de confinement du COVID-19 encore appliquées dans certaines régions de la Chine, pesant sur la production.
L'ensemble de ces facteurs a entraîné une forte hausse de l'inflation dans l'UE. L'inflation devrait passer de 2,9 % en 2021 à 6,8 % en 2022 et retomber à 3,2 % en 2023.
Conséquence : forte baisse des commandes de construction dans l'UE en avril ?
L'incertitude économique croissante dans l'UE depuis le début de la guerre en Ukraine pourrait se traduire par un ralentissement de la croissance du secteur de la construction. C'est ce qui ressort du dernier indice des directeurs d'achat (PMI) de la construction dans la zone euro publié par S&P Global le 5 mai.
S&P Global note que "la reprise du secteur de la construction dans la zone euro s'est peut-être prolongée pour un septième mois en avril, mais le taux de croissance a considérablement ralenti pour devenir le plus faible de cette séquence. Le ralentissement de l'activité s'est produit dans le contexte de la plus forte réduction des entrées de nouvelles commandes depuis février 2021, les pénuries d'approvisionnement et les vents contraires de la guerre en Ukraine pesant de plus en plus sur la confiance et les offres potentielles".
S&P Global souligne également que les entreprises de construction ont continué à signaler des pénuries généralisées de matières premières au-delà d'avril, ce qui a exercé une pression soutenue sur les chaînes d'approvisionnement et les charges de coûts.
En conséquence, le taux d'inflation des prix des intrants s'est accéléré par rapport à mars pour atteindre le deuxième niveau le plus élevé de l'enquête de S&P Global. L'augmentation des vents contraires provenant des chaînes d'approvisionnement et l'impact de la guerre ont atténué la confiance, les entreprises signalant le plus grand degré de pessimisme depuis novembre 2020.
Source : ITTO