Le 17 novembre 2021, dans le cadre du Green Deal européen, la Commission Européenne a proposé un règlement historique pour lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts, entré en vigueur le 29 juin 2023 et inspiré de la Stratégie Nationale française (SNDI). Le 3 décembre 2024, un accord politique provisoire a été conclu entre le Parlement européen et le Conseil sur la proposition de la Commission d’accorder une période d’introduction progressive supplémentaire de 12 mois. Une fois adoptée, cette proposition rendrait la loi applicable le 30 décembre 2025.
L’objectif du RDUE est de réduire le risque que des produits liés à la déforestation ou à la dégradation des forêts soient mis sur le marché de l’UE ou exportés, tout en augmentant la demande de produits légaux et « exempts de déforestation ». Ce règlement s’appuie également sur deux actions complémentaires :
L’Union Européenne, consommatrice majeure de matières premières liées à la déforestation (responsable de 11 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre), veut ainsi réduire son impact environnemental, protéger la biodiversité et devenir leader mondial dans la lutte contre la déforestation.
Ce règlement cible la viande bovine, l’huile de palme, le soja, le café, le cacao, le caoutchouc, le bois et certains de leurs dérivés.
Il est fortement recommandé à l’entreprise de lire le Règlement Déforestation de l’Union Européenne (RDUE).
Pour être en conformité avec le règlement, les produits bois et dérivés concernés mis sur le marché ou exportés devront :
Quels sont les acteurs concernés pour le commerce du bois?
Obligations des opérateurs amont
Au sens de l’article 2, point 15, du règlement, un opérateur est une personne physique ou morale qui met des produits en cause sur le marché pour la première fois (par l’intermédiaire d’une importation) ou les exporte dans le cadre d’une activité commerciale.
Les opérateurs en amont (premier metteur en marché) doivent effectuer une évaluation des risques avant chaque mise en marché du produit et soumettre une déclaration si nécessaire. Ils doivent également nommer un responsable de la conformité, faire vérifier leurs politiques internes par un audit indépendant et publier un reporting sur leur système de diligence raisonnée tous les ans.
Les opérateurs en amont (premier metteur en marché) doivent effectuer :
Obligations des opérateurs aval et des commerçants
Les opérateurs en aval sont les entreprises qui transforment un produit de l’annexe I (qui a déjà fait l’objet d’une diligence raisonnée) en un autre produit de l’annexe I. Par exemple, si l’entreprise A, établie dans l’UE, achète des sciages à l’entreprise B également établie dans l’UE, pour en faire des lames de terrasses et les met sur le marché, les entreprises A sera considérée comme des opérateurs (en aval) au sens du règlement.
Les commerçants sont les entreprises qui font partie de la chaîne d’approvisionnement, autre que l’opérateur, qui, dans le cadre d’une activité commerciale, met des produits en cause à disposition sur le marché.
Par exemple, une entreprise A achète des lame de terrasse à une entreprise B également établie dans l’UE, pour les mettre à disposition sur le marché (sans activité de transformation).
Contrairement aux grandes entreprises, les PME n’ont pas besoin de réaliser elles-mêmes la diligence raisonnée, ni de vérifier si elle a été faite correctement par leurs fournisseurs. Cependant, elles doivent :
Les opérateurs ou les commerçants peuvent désigner un mandataire pour présenter, en leur nom, la déclaration de diligence raisonnée en application de l’article 4, paragraphe 2. Dans ces cas, l’opérateur ou le commerçant conserve la responsabilité de la conformité du produit en cause à l’article 3. Sur demande, le mandataire fournit aux autorités compétentes une copie du mandat
Un opérateur peut autoriser l’opérateur ou le commerçant occupant la place plus en aval dans la chaîne d’approvisionnement, et qui n’est ni une personne physique ni une microentreprise, à agir en tant que mandataire. L’opérateur conserve la responsabilité de la conformité du produit en cause à l’article 3 et communique à l’opérateur ou au commerçant occupant la place suivante plus en aval dans la chaîne d’approvisionnement toutes les informations nécessaires pour confirmer que la diligence raisonnée a été exercée et que le risque constaté était nul ou seulement négligeable.
Qu’est-ce que le système d’évaluation comparatives des pays ?
La Commission européenne va établir un classement des pays et régions selon trois catégories de risque (élevé, standard, faible). Cette liste doit être publiée par la Commission européenne au plus tard le 30 juin 2025.
Ce classement reposera sur une évaluation basée principalement sur les critères suivants :
Les autres critères qui pourront également être pris en compte sont listés à l’article 29.4.
Quels contrôles seront effectués ? et quelles sont les sanctions ?
Les contrôles seront effectués par les autorités compétentes de chaque pays. Les contrôles annuels effectués devront couvrir au moins :
Quelle est l’autorité compétente en France ?
Article 14
Une autorité compétente conjointe est désignée en France composée du :
Le schéma d’organisation et les organes dédiés aux contrôles seront précisés ultérieurement.
Quelles sont les sanctions en cas d’infraction ?
Les États membres doivent intégrer ces sanctions conformément à la directive 2008/99/CE, qui exige :
En résumé : Les entreprises sont responsables de la conformité, les dirigeants peuvent également être poursuivis si une diligence raisonnée insuffisante entraîne des dommages environnementaux graves.
Les étapes d’un système de diligence Raisonnée
Un Système de Diligence Raisonnée (SDR) représente l’ensemble des mesures et procédures mises en place pour garantir que les produits de base et produits dérivés ne sont pas associés à la déforestation ou à la dégradation des forêts après le 31 décembre 2020, qu’ils respectent la législation pertinente du pays de récolte, et qu’ils sont accompagnés d’une déclaration de diligence raisonnée attestant de leur conformité au RDUE. Les opérateurs et les commerçants qui ne sont pas des PME doivent donc faire preuve de diligence raisonnée à l’égard de tous les produits relevant du champ d’application du règlement, de chacun de leurs fournisseurs. Pour cela, ils doivent procéder en trois grandes étapes : recueillir les informations / évaluer les risques / atténuer les risques. Les opérateurs qui s’approvisionnent entièrement dans des zones classées comme à faible risque seront soumis à des obligations simplifiées de diligence raisonnée.
Qu’est-ce que le Système d’Information (SI) et la Déclaration de Diligence Raisonnée (DDR)
Avant chaque mise sur le marché, les opérateurs et commerçants devront remplir une déclaration de diligence raisonnée dans un système d’information de la Commission européenne qui centralisera l’ensemble de ces déclarations.
Le système d’information permet :
La déclaration de diligence raisonnée contient les informations suivantes (annexe 2) :
Pour en savoir plus sur le système d’information du RDUE
Que deviendra le RBUE ?
Le RDUE remplacera le RBUE à sa mise en application. Cependant, les produits bois déjà exploités avant cette date resteront conformes au règlement pendant 3 ans.
Pour plus de détails, une brochure dédiée est disponible : « RBUE, RDUE, on vous en dit plus ! ».
Pour aller plus loin ...
Analyse de la FAQ de la CE Le report de 12 mois du RDUE La Diligence Raisonnée