Actualité 04.07.2024
Lors d'un séminaire organisé par le American Hardwood Export Council (AHEC) et l'Association Technique Internationale des Bois Tropicaux (ATIBT) au Carrefour International du Bois, le secteur des feuillus américains et les producteurs tropicaux ont présenté des approches contrastées pour démontrer que leur bois n'est pas lié à la déforestation. Le contexte de l'événement était la mise en œuvre imminente du règlement européen sur la déforestation (RDUE), prévue pour la fin de l'année.
Le RDUE remplace le règlement européen sur le bois axé sur la légalité. Il exige que tous les opérateurs et grands commerçants de bois sur le marché européen démontrent que leurs produits ne contribuent pas à la déforestation ou à la dégradation des forêts, en fournissant notamment les coordonnées géographiques des parcelles d'origine.
Rupert Oliver, directeur de la politique environnementale de l'AHEC, a souligné la difficulté pour le secteur américain des feuillus de fournir ces informations géolocalisées, en raison de la nature fragmentée de la propriété forestière aux États-Unis. Avec 9,5 millions de petites exploitations privées, souvent familiales, les scieries américaines doivent fournir des coordonnées géographiques changeantes pour chaque lot de bois, ce qui complique la conformité.
L'AHEC développe donc un système spécifique pour assurer que le bois de feuillus américain provient de forêts légales avec un risque négligeable de conversion en terres agricoles. Ce système inclut une évaluation des risques de légalité à haute résolution pour les 33 principaux États forestiers de feuillus et l'utilisation de données satellitaires et d'IA pour surveiller les perturbations forestières.
Les producteurs tropicaux, opérant dans un contexte différent, bénéficient de concessions forestières vastes, ce qui simplifie la fourniture de données géolocalisées. Ils misent sur leurs propres systèmes de traçabilité et sur les certifications FSC et PAFC/PEFC pour se conformer au RDUE.
Vincent Istace, responsable RSE de Olam Agri, a mentionné que le taux de déforestation dans le bassin du Congo est inférieur à 1 % par an, grâce à la coopération régionale pour des pratiques de gestion durable. L'entreprise CIB, par exemple, gère environ 1,8 million d'hectares de concessions certifiées FSC et utilise des systèmes de traçabilité rigoureux pour suivre le bois de l'arbre jusqu'à la transformation.
Emmanuel Bon, directeur général d'Alpicam au Cameroun, a affirmé que son entreprise répond aux exigences du RDUE grâce à la certification FSC obtenue en 2023 et à son système de suivi et d'inventaire forestier. Les données géolocalisées sont enregistrées et intégrées dans le système SIGIF 2 du gouvernement camerounais, permettant une traçabilité complète du bois de la coupe au port d'expédition.
Les approches contrastées du secteur des feuillus américains et des producteurs tropicaux pour se conformer au RDUE reflètent la diversité des contextes opérationnels et des stratégies de gestion forestière. Tandis que les Américains misent sur des innovations technologiques et une surveillance détaillée, les tropicaux s'appuient sur des concessions vastes et des certifications reconnues pour démontrer la durabilité de leurs pratiques.
Et Partenaires LCB